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Les débuts des Fils

 En exclusivité pour le site, Olivier raconte les débuts du groupe.

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 - Formation du trio originel (Olivier, Chris et Alain).1978

Chris et moi, on était copains au Lycée Saint-Sernin de Toulouse… Je débarquais en 76 de Nouvelle-Calédonie ou j'ai passé mon adolescence. Mon père était fonctionnaire là-bas. J’avais pas de mère. J’ai acheté ma première guitare à 16 ans en Australie, juste avant de rentrer en France. Mon père m’y avait envoyé pour apprendre l’anglais. J’adorais les Rolling Stones et les Stooges et je rêvais de devenir Rockstar : Normal quoi…

A Saint-Sernin, je jouais de la guitare pour essayer de brancher les filles dans la cour. J’ai juste réussi à me faire quelques copains aussi décalés que moi… Ce souvenir d’isolement et de décalage est très fort (peut être une clé « d’Adieu Paris »)… Chris ne jouait de rien mais c'était mon pote et il avait vraiment une bonne dégaine (il ressemblait à Paul Simonon des Clash)... Alors on s'est dit qu’on allait faire un groupe et qu'il ferait bassiste!... Vu le nombre d'accords limité que je connaissais et le style des chansons qu’on voulait faire, la technique n’était pas le critère principal... Daniel était aussi notre copain de lycée mais pas encore prêt à franchir le pas du rock...

76, 77, 78…C'était l'époque de l'explosion New Wave (punk, reggae, etc., le retour aux valeurs simples du rock, avec des chansons courtes à mélodies simples et l’énergie)… C’était notre chance ! On a accroché à fond… on était explosé de voir ce qui se faisait : Les Pistols, les Clash, les Ramones, les Damned, XTC, Billy Idol... On se sentait comme eux… Le rock était devenu accessible, on était plus obligés de jouer comme des dieux pour y aller…

Un jour de 78, je croise deux mecs à un concert d'Iggy Pop à la Halle au Grains de Toulouse. J’étais devant la scène (j’ai revu les Stooges à Paris en 2007 c’est toujours génial !), et les 2 gars braillent : « On cherche un guitariste pour notre prochain concert... ». Vu la dégaine « collier de chien+T-Shirt déchiré+badge Sid Vicious... », je me suis dit: « voila des gars qui me ressemblent ! »… Ils m’ont pris dans leur groupe: Les « Fly Killers ». On s’est dit avec Chris qu’on lui trouverait bien une place plus tard… On a joué deux concerts de reprises (Pistols, Clash, Damned, etc.) dans une MJC, et puis à la fête de fin d’année du Lycée Bellevue de Toulouse. La cata ! vraiment… mais on a bien rigolé… Le groupe s’est arrêté là… Néanmoins ils nous avaient branchés avec Alain le batteur. Il venait de Colomiers (bled à côté de Toulouse ou son père bossait chez Airbus) et il avait un talent incroyable à la batterie... coup de bol !... il avait vachement le rythme et il cognait comme un malade…

Et puis, on a été qu’une poignée à Toulouse à se couper les cheveux... les nanas nous snobaient. On était de vrais « aliens » à cette époque...

- Eté 78 :
Avec Alain, Chris, un autre gars (un ex guitariste des « Fly killers » dont j’ai oublié le nom…), on est parti en vacances ensemble dans un village. Nos parents avaient accepté de nous louer une vieille baraque pour répéter… On avait un peu d’humour, alors on s'est appelé "Les Touristes". Premier et unique concert des Touristes dans la salle des fêtes du village (dont j'ai oublié aussi le nom...) avec 10 personnes effrayées par tant de bruit…

C’est en rentrant qu'on a formé « les Fils de Joie » en trio, avec Chris à la basse, Alain à la batterie et moi à la guitare…  Daniel était notre pote, on échangeait beaucoup sur la musique (« Havana Affair » en reggae, c’était son idée…) mais il nous a rejoint plus tard…

Pourquoi le nom des Fils de Joie ?
On l'a pris par dérision et pour plusieurs raisons : Premièrement pour faire comme les Ramones, notre principale influence à l’époque et avoir tous le même nom de famille (Olivier de Joie, etc.). Deuxièmement parce qu'on était des « Newavers » et donc dans la provoc et le second degré (Punk ou new Wave c’était pareil à l’époque). Bon les fils de Joie, c’est un peu des « fils de putes » non ?

Il faut s'imaginer les années 78/80, on était des pionniers à Toulouse. Il y avait des hardrockers partout, c’était aussi le règne de Abba, de Peter Frampton, du Jazzrock, de la disco (même Johnny en faisait…). Au secours !! On en pouvait plus des morceaux de 3 heures, des textes prétentieux ou des mélodies commerciales... alors, quand on a entendu les Ramones, les Clash, les Pistols… Argh!!! La lumière !!! C’était notre tour, enfin la révolution !!! Mais on était des aliens en France pour l’époque… Et à Toulouse, je vous fais pas un dessin. Bref, les mecs voulaient nous péter la gueule et les filles ne voulaient pas de nous...  Enfin, heureusement ensuite ça a changé mais pas tout de suite… Bon, ça forme le moral d’être très très différent…

- Fin 78 : Le premier concert des Fils de Joie

Le premier concert des Fils a eu lieu vers la fin de l’année 78 à  la l’Université Paul Sabatier de Toulouse. C’était un genre de festival, avec les trucs classiques de l’époque : des groupes jazz rock, hard, etc etc… Notre passage à soulevé l’incrédulité… Mais honnêtement, le concert s’est vachement bien passé quand même… Quelques étudiants, originaux, sont venus spontanément nous féliciter… Ca nous a encouragés pour la suite… Une anecdote, l’organisateur, un étudiant du coin, n’arrêtait pas de dire « Même les petites filles me jettent des pierres… » au moindre truc qui coinçait. J’en ai fait une chanson… On a souvent joué dans cette fac ensuite, notamment à Supaéro sur le même campus. C’est là qu’on a croisé Pascal Jouxtel, avec qui on est devenu potes. On a écrit pas mal de textes ensemble.

A cette époque, on avait eu le temps d’écrire nos premières chansons et on faisait des reprises, surtout des Ramones. C’est de là qu’est venue l’idée de s’appeler les Fils de Joie. Comme les Ramones, on avait un nom de famille commun et en plus un peu provoc… On était des gros fans des Ramones… Le concert de Bordeaux ou on est allé les voir ces années là est un des meilleurs souvenirs de ma jeunesse. Je me suis fait prendre en photo avec eux après le concert, par un gars qui m’a juré qu’il m’enverrait le cliché… Evidemment il ne l’a pas fait…


 

Répétition dans le garage des parents d'Alain (1979) De g. à d. : Olivier, Alain, Chris.

(Photo : Gill Dougherty)

Olivier à la basse. Premiers enregistrements en studio (1979)

Sur la deuxième photo, il s'agit de la première session de studio des Fils. On était pas trop riches et on a trouvé un petit studio dans les environs de Toulouse (le studio n'était d'ailleurs pas terminé, on voit les briques au fond). Chris n'avait pas 2 ans de pratique de la basse et le riff de basse de "Havana Affair" était un poil technique (pour des newavers comme nous...). J'avais composé le truc à la guitare, alors c'est moi qui ai joué la basse. C'était une bonne session je crois, on a aussi enregistré la première version de "Tonton Macoute" (version rocktwist), "Même les petites filles me jettent des pierres" et "Harry et sa Ferrari". On voulait un son de guitare bien crade sur "Harry" ce qui énervait le gars du studio, cheveux longs, même pas rebelle... Il comprenait rien au film... Bon par rapport à la suite, au moins cette session nous ressemblait. On était entre nous avec nos potes dont Daniel qui avait déjà des bonnes idées et allait bientôt nous rejoindre. Havana était notre premier reggae (sur une idée de Daniel) et par la suite j'ai écrit "Adieu Paris" à cette période.

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Et pour en savoir plus, à lire absolument sur le site Buzz on Web, l'histoire des Fils de Joie par Olivier qui répond aux questions de Franco Onweb :

https://www.buzzonweb.com/2020/09/les-fils-de-joie-une-histoire-du-rock-francais-raconte-par-olivier-de-joie

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